À la mémoire
du
Professeur Jean-Antoine Rioux
(1925–2017)
Né à Naucelle (Aveyron), d’une famille limousine solidement ancrée dans le terroir, Jean Antoine Rioux a passé son enfance au Vigan, dans le milieu très typé des Cévennes: c’est sans aucun doute là qu’il a acquis la passion de l’étude de la nature, qui a sous-tendu toute son activité. Cette fascination l’a amené à approfondir l’étude de la Botanique, compétence qui lui a valu, beaucoup plus tard (1977–1993), d’être nommé Directeur du Jardin des Plantes de Montpellier. Il s’y est consacré pendant de nombreuses années, avec talent et sans relâche, préservant et enrichissant les collections vivantes, rénovant les serres, promouvant son image et assurant sa protection par un classement au double titre des “Sites et paysages” (1982) et des “Monuments historiques” (1992). À cette culture initiale s’est ajoutée, pendant ses études à Montpellier, une vocation médicale tout aussi puissante. Brillant étudiant, il est major à l’Internat en 1951, puis chef de Clinique des hôpitaux de Montpellier, titulaire du CES de dermatologie, mais aussi de celui de pneumo-phtisiologie. Il trouve très tôt le domaine qui lui permettra de se réaliser, en entrant dès 1952 au Laboratoire d’Histoire Naturelle Médicale dirigé par le Pr. Hervé Harant, brillant naturaliste et parasitologue à la vasre culture scientifique. Il acquiert le CES de Parasitologie, le diplôme de Médecine exotique, et il poursuivra toute sa carrière dans cette structure devenue Laboratoire de Parasitologie, puis Laboratoire d’Ecologie médicale et Pathologie parasitaire. Il en fera un outil remarquable, reconnu et soutenu par les instances de la recherche, permettant de conduire des travaux matérialisés par plus de 500 publications.
Dans les Facultés de Médecine françaises, l’épidémiologie du paludisme a toujours été l’un des grands chapitres du cursus de Parasitologie. Le jeune enseignant s’est attelé à transformer le sujet de cet enseignement en activité de recherche. Au cours de la préparation de sa thèse sur les « Culicidae du Midi méditerranéen », il avait acquis une solide formation entomologique. Il l’a appliquée à l’étude du paludisme en Languedoc-Roussillon, proposant le concept de « paludisme instable ». Ce dernier sera repris plus tard, à l’occasion de plusieurs missions écoépidémiologiques au Nord-Tchad (Borkou-Ennedi-Tibesti). La persistance, même temporaire du parasite chez des oasiens autochtones et surtout chez des enfants sédentaires, témoignait d’une transmission in situ, c’est-à-dire de la présence effective de vecteurs. De fait, il trouva des larves du complexe Anopheles gambiae dans les gîtes de débordement des mares de Faya-Largeau et un an plus tard les adultes étaient capturés dans une habitation de l’oasis. À l’occasion de ces prospections, 25 espèces culicidiennes ont été identifiées, apportant d’importantes précisions biogéographiques. Dans le Midi méditerranéen, il consacra aussi une étude à l’autogenèse présente, de manière variable, chez l’espèce halophile sublittorale Aedes (Ochlerotatus) detritus. Cette variabilité évoquait soit un simple polymorphisme génétique, soit une véritable ségrégation populationnelle (espèce cryptique). L’établissement des fréquences alléliques isoenzymatiques, chez des adultes issus d’un même gîte larvaire, confirmait la deuxième hypothèse (collaboration avec Nicole Pasteur). Cette espèce jumelle a été décrite sous le binôme Aedes (Ochlerotatus) coluzzii Rioux, Guilvard, Pasteur. A. coluzzii s’entretenait sans difficulté en insectarium, alors que pour obtenir une descendance fertile avec A. detritus s. st., il est nécessaire d’utiliser la fécondation artificielle.
Cette compétence en Entomologie l’a aussi amené à une importante enquête écologique sur Leptoconops irritans, un Ceratopogonidae particulièrement agressif en zones littorales, de la Camargue au Roussillon. Cette action avait pour objectif d’identifier les biotopes larvaires et d’en préciser la dynamique saisonnière. Un transect d’échantillonnage a été réalisé durant deux années en Moyenne Camargue. Les résultats ont permis de préciser la situation et le fonctionnement des sites d’émergence de L. irritans, les phytocénoses les plus productives étant constituées par les groupements à Chénopodiacées vivaces qui forment l’essentiel des écosystèmes halophiles de Moyenne et Basse Camargue.
C’est aussi sur ces bases qu’a été proposée la “lutte raisonnée” contre les « moustiques- nuisances » ou « démoustication » (au sens de l’inventeur du mot, H. Harant). Le concept de « nuisance » concerne des espèces hématophages responsables d’inconfort et non de transmission d’agents pathogènes (vecteurs). Pour agir, il est nécessaire de disposer de données autoécologiques concernant tous les stades de développement de l’insecte. Cette situation est bien différente de celle des maladies à transmission vectorielle, où le vecteur n’est que la composante entomologique du complexe pathogène, qui comprend également les hôtes vertébrés (dits réservoirs), dont l’homme, et le pathogène lui-même. Il faut alors intervenir sur des systèmes cycliques compartimentés, dont le contrôle réclame des stratégies opérationnelles bien différentes (lutte intégrée). Cette situation a été développée dans les travaux sur les leishmanioses qui sont présentés plus loin.
Telle qu’elle a été définie initialement, la démoustication en Languedoc-Roussillon intéressait quatre espèces fortement nuisantes : Culex pipiens, A. caspius, A. detritus et A. coluzzii. L’opération, initiée par l’Entente Interdépartementale pour la Démoustication (EID Languedoc-Roussillon, créée en 1958), a été menée par la Mission interministérielle d’aménagement touristique du littoral du Languedoc-Roussillon (« Mission Racine ») créée en 1963. Dans les zones humides sublittorales, à forte nuisance culicidienne, la priorité était donnée à la lutte anti-larvaire, la lutte anti-adulte n’étant utilisée qu’en cas d’échec de celle-ci ou pour assurer la protection des stations touristiques à l’égard des nuées d’adultes issus des sites voisins non démoustiqués (ex. réserves naturelles). C’était le cas de la Grande Motte et de Port-Camargue, cités littorales régulièrement envahies à partir de la Grande et de la Petite Camargue. En quelques années, l’application en vraie grandeur de la stratégie ainsi définie a permis de réduire la nuisance rurale de manière significative, tout en minimisant les effets négatifs sur les faunes et flores non-cibles. Simultanément, la lutte contre l’espèce domestique C. pipiens a été basée sur le dépistage et la cartographie des biotopes larvaires urbains et périurbains (caves, égouts, fosses septiques, bassins d’ornement, réceptacles d’eau de pluie, récipients divers). Dans la plupart des cas, le comblement des gîtes (p.e. vides sanitaires), leur couverture par des billes de polystyrène (p.e. caves inondées), voire leur suppression définitive (p.e. récipients abandonnés) ont suffi à contrôler la nuisance. Les insecticides n’étaient utilisés qu’en dernier recours, en raison de phénomènes de résistance. Dans ce type de lutte, l’éducation et la sensibilisation du public devaient jouer un rôle majeur.
Conçue il y a plus d’un demi-siècle, la démoustication du littoral Languedoc-Roussillon est restée d’une remarquable efficacité et l’exemple d’une intégration réussie entre le politique, le scientifique et l’opérationnel. Elle le doit à la compétence des équipes qui ont été réunies par le concepteur et ses successeurs. Cette structure est devenue un centre pédagogique de premier plan, tant pour les étudiants français et étrangers que pour les chercheurs confirmés. D’ailleurs, dès les succès des années 60, la méthode a été importée dans d’autres régions françaises, côtières ou continentales (p.e. EID Atlantique, Rhône-Alpes, Alsace). En Guadeloupe, toujours en collaboration avec l’EID, une carte phyto-écologique des gîtes de mangroves était levée à l’échelle du 1/25000ème. Enfin, plusieurs pays étrangers ont fait appel à la structure montpelliéraine: Tunisie, Maroc, Espagne, Grèce, Chypre, Canada.
Avant d’aborder les travaux sur les leishmanioses, et en introduction aux études menées sur des complexes pathogènes, il faut citer deux programmes ciblés non sur des vecteurs mais sur des réservoirs de parasites. Ils sont relativement limités dans le temps, mais ils ont apporté des résultats hautement significatifs. Le premier, une œuvre de jeunesse, a été mené avec Y.J. Golvan et l’Institut Pasteur de Téhéran en 1960. Il portait sur les réservoirs de la peste enzootique au Kurdistan iranien, des Rongeurs Gerbillidae (Meriones spp.). Cette étude, conduite sur un cycle biologique annuel, a permis d’identifier les biotopes des principales espèces impliquées (localisation spatiale des peuplements, caractéristiques géomorphologiques des terriers, préférences trophiques spécifiques, cartographie phyto-écologique des zones à risque) et de définir les rôles des espèces sensible (Meriones persicus) et résistante (M. vinogradovi) entre lesquelles se perpétue la circulation du bacille. Au terme de l’enquête, les pratiques agro-pastorales traditionnelles (pâturages extensifs, céréalicultures «en sec») ont été considérées comme des déterminants majeurs du foyer pesteux.
Le second a été conduit sous l’autorité de la Délégation Générale à la Recherche Scientifique et Technique (DGRST), à partir de 1972. Il concernait un projet de lutte raisonnée contre la Bilharziose intestinale en Guadeloupe. Le Pr. Rioux en avait la responsabilité opérationnelle au niveau central. L’opération a nécessité la collaboration de nombreuses équipes de spécialistes: écologues, épidémiologistes, parasitologues, malacologues, hydrobiologistes, sociologues et médecins. Le “bassin versant”, avec son réseau hydrographique, ses Mollusques vecteurs et son occupation humaine a constitué l’élément fédérateur (épidémiologie du paysage). Après dix ans de recherches in natura, accompagnées d’interventions de caractère intégré (aménagement des cours d’eau contaminés, dépistage et traitement des cas cliniques et des porteurs sains, lutte contre le péril fécal, éducation sanitaire) la transmission anthroponotique a pu être interrompue. Cependant, certains micro-foyers sylvatiques (p.e. mangroves), comportant le Rat noir comme réservoir, sont demeurés actifs (transmission zoonotique). Le maintien de leur surveillance a été recommandé.
Sous leur diversité apparente, tous ces thèmes de recherche ont été sous-tendus par les concepts et les méthodes de l’Écologie générale appliqués à l’Épidémiologie traditionnelle. Les travaux réalisés sur ce thème ont conduit à l’individualisation d’une discipline nouvelle, l’éco-épidémiologie, reconnue aujourd’hui par plusieurs instances nationales (CNRS) et internationales (OMS, FAO). Plusieurs ont concerné les seuls organismes d’un cycle parasitaire, qu’il s’agisse des agents infectieux eux-mêmes, de leurs vecteurs ou de leurs réservoirs. D’autres ont traité de recherches plus finalisées, telle que la “lutte raisonnée “ contre les Moustiques- nuisances. Un autre enfin a concerné, à partir des années 60, l’ensemble d’un complexe pathogène, les leishmanioses: c’est de très loin le thème dominant de l’œuvre de J.A. Rioux, celui qui lui a permis d’exprimer la plénitude de ses talents et lui a valu la notoriété internationale.
Le sujet s’y prêtait. Les affections correspondantes sévissaient sur l’ensemble de la Région méditerranéenne où trois modalités épidémio-cliniques étaient représentées: la forme viscérale zoonotique à Leishmania infantum et les deux formes cutanées: anthroponotique à L. tropica et zoonotique à L. major. En France, L. infantum était déjà connue, chez l’Homme et le Chien, de la frontière espagnole à la frontière italienne. Dans les foyers périméditerranéens, les “vrais” vecteurs restaient à découvrir. La présence d’une abondante faune phlébotomienne permettait d’aborder certains grands problèmes de parasitologie fondamentale, tels que le comportement des Leishmania chez le vecteur ou les problèmes de vicariance vectorielle (vecteur habituel vs vecteur accidentel) et de spécificité (systématique et écophysiologique) des couples vecteur/vertébré et vecteur/parasite. Enfin les recherches conduites dans les sites leishmaniens actifs permettaient d’illustrer concrètement la démarche “éco-épidémiologique” chère à l’École néo-hippocratique de Montpellier.
Dès le début des années 1960, sous l’égide de l’INSERM, a été engagée une action de recherche sur l’épidémiologie des leishmanioses dans le ”Midi” méditerranéen. Le projet comportait quatre volets: l’écologie des organismes du cycle; l’écologie de la transmission; l’établissement des “risques leishmaniens”, spatio-temporels et populationnels; la proposition de projets de “lutte raisonnée” adaptés à chaque cycle et à chaque foyer.
La zone géographique de l’étude allait des Cévennes au Nord (Aigoual-Lozère-Espinouse) au littoral au sud (Camargue — Bas Languedoc). L’espace géographique était découpé en strates épidémiologiquement homogènes, définies par des “indicateurs de zonage”: altitudinal, phytoécologique, bioclimatiques… Dans chacune, il était procédé à l’échantillonnage concomitant des organismes du cycle: vecteurs (Phlebotomus spp), réservoirs (Canidae domestiques et sauvages) et parasites (Leishmania spp).
Durant les trois décennies de l’action INSERM puis CNRS, quatre temps forts devaient scander la recherche:
1°L’analyse écologique des Phlébotomes vecteurs, comportant l’identification systématique des espèces ; la mise au point des techniques de piégeage, en vue de l’échantillonnages des populations imaginales et de l’établissement de leurs densités relatives, par strates et par« milieux» ; le dépistage de l’infestation naturelle et la dynamique intra-vectorielle de l’infestation expérimentale ; la dispersion spatiale ; le comportement trophique et l’âge physiologique ; et enfin les élevages.
2°La chorologie et la fréquence de la maladie canine (abondances stationnelles et zonales des taux d’anticorps immuno-fluorescents).
3°La recherche de réservoirs sauvages (Renard, Rongeurs).
4°L’identification et la classification des Leishmania (taxonomie iso-enzymatique, phénétique et phylogénétique).
Parmi les résultats majeurs, on peut citer la démonstration que, dans la zone étudiée, le rôle de vecteur habituel était tenu par P. ariasi, et non par P. perniciosus, a priori pourtant plus abondant. En Cévennes, l’installation et la persistance de L. infantum reposaient sur l’existence de conditions bioclimatiques favorables à ce vecteur. Une des grandes avancées, en effet, de ces recherches, fut l’introduction des concepts phyto-écologiques, où l’étage de végétation (dit ‘bio-climatique’) constitue un témoin primordial de la présence de l’insecte vecteur. Ces concepts, logiquement forgés à partir des connaissances multidisciplinaires (botanique, systématique, éco-épidémiologie…) du naturaliste éminent qu’était le Pr. Rioux, a profondément marqué l’épidémiologie des leishmanioses. Par la suite, ces conclusions devaient être appliquées à l’analyse de nombreux foyers circumméditerranéens, tels ceux du Maghreb et du Proche-Orient, et par d’autres auteurs en Amérique du sud. L’infestation naturelle des vecteurs a été détectée à partir d’échantillons prélevés dans des sites où avait été dépistée la maladie canine. À cette occasion, les techniques délicates de dissection stérile et de mise en culture du parasite, étaient mises au point sur le terrain. Ces recherches devaient revêtir un grand intérêt dans le dépistage des “vrais vecteurs” de Leishmania en Région méditerranéenne, qu’il s’agisse de L. infantum (Pyrénées-Orientales, Espagne, Algérie, Syrie, Crête), de L. donovani (Syrie), de L. tropica (Maroc) ou de L. major (Maroc).
Les préférences trophiques de P. ariasi ont été établies, démontrant un comportement “exophage” et “anthropophile”. Parallèlement, la “cynophilie” de l’espèce était constatée: des chiens tenus en laisse près des bivouacs étaient régulièrement attaqués. L’identification des repas sanguins a complété ces résultats. Considérés comme de mauvais voiliers, le rôle de ces vecteurs dans la dissémination était considéré comme négligeable. Plusieurs opérations de “marquage-lâcher-recapture” ont établi sans ambiguïté qu’en Languedoc, le Chien n’était pas le seul responsable du transport de L. infantum à longue distance: il partageait ce rôle avec le vecteur P. ariasi.
Une enquête sur les Vertébrés-réservoirs a également été mise en place pour établir les fréquences zonales de la leishmaniose canine en Languedoc-Roussillon (parallèles à celles du vecteur P. ariasi), tenter la transmission Chien-Phlébotome-Chien, et dépister d’éventuels réservoirs sauvages, vulpins ou murins. De la même manière, la contamination d’un chien sain par la piqûre de Phlébotomes parasités a été réalisée à la fin des années 70, établissant de façon définitive le cycle de L. infantum en laboratoire.
Pour confirmer l’hypothèse de P.C. Garnham sur l’éventualité d’une origine sylvatique de L. infantum, une enquête a été menée sur l’infestation leishmanienne, spontanée et expérimentale, du Renard roux, Vulpes vulpes. L’infestation spontanée a été dépistée dès 1968. L’infestation expérimentale a été réalisée sur deux Renards provenant d’un élevage hors enzootie canine. Par la suite, l’infestation spontanée du Renard par L. infantum s’est retrouvée dans plusieurs pays d’Europe méridionale. Dès lors, dans l’aire de L. infantum, le cycle du parasite pouvait être considéré comme primitivement sylvatique (“cycle primaire” de Garnham), avec un Canidae sauvage comme réservoir. Secondairement, ce cycle s’était “anthropisé”, par passage sur le Chien domestique (“cycle secondaire” de Garnham). On imagine volontiers une étape intermédiaire, comportant, à la fois, des hôtes sauvages et domestiques (“cycle primo-secondaire” de Garnham). Notons enfin qu’en raison de la prévalence faible dans les populations humaines et en dehors des possibilités d’infester expérimentalement le vecteur sur des patients atteints d’immunodéficience acquise compliquée de leishmaniose viscérale, l’Homme demeurait une “ impasse parasitaire”.
À son terme, l’étude avait pleinement rempli ses objectifs: le cycle zoonotique de L. infantum, enfin “bouclé”, apparaissait comme un excellent modèle d’écologie parasitaire. Les concepts de base avaient été développés: celui de complexe pathogène, d’épidémiologie du paysage et de zonage phyto-écologique, de système cyclique compartimenté, de plurifactorialité et d’évolution spatio-temporelle des foyers (changements climatiques et socio-économiques). Au surplus, pour la première fois en parasitologie de terrain, la notion de “transdisciplinarité” avait démontré son efficacité.
Néanmoins, un élément fondamental manquait au tableau: celui de l’identification précise des agents pathogènes, les espèces de Leishmania étant bien différentes sur le plan nosologique et épidémiologique mais indistingables morphologiquement. Pour parfaire l’analyse “bio-géographique” des foyers de transmission, il fallait une identification rigoureuse et indubitable des populations de parasites circulants. Morphologiquement univoques, ceux-ci ne pouvaient pas non plus être distingués en culture, comme c’était le cas pour les bactéries par exemple; les tentatives basées sur une inoculation à l’animal n’avaient pas conduit beaucoup plus loin, pas plus que celles qui utilisaient l’immunologie (anticorps monoclonaux). Un outil nouveau a permis d’établir la systématique de l’énorme complexe pathogène leishmanien: l’identification iso-enzymatique. Dès la publication de sa mise au point par le Pr Michael Chance (Liverpool), J.A. Rioux a importé la technique du typage par les iso-enzymes, méthode la plus robuste pour l’époque, qu’il va parfaire, avec l’aide de Francine Pratlong, jusqu’à faire de Montpellier la référence mondiale dans le domaine. Les “zymodèmes” de Montpellier (MON-…) restent ainsi aujourd’hui la référence pour l’O.M.S. Ainsi, pendant une décennie, utilisant de manière inédite et rigoureuse l’outil des isoenzymes, son équipe a approfondi la taxonomie et la systématique des Leishmania, aboutissant en 1990 à une révision complète de celle-ci, qui encore aujourd’hui, avec plus de 500 citations, reste l’article de référence en la matière.
Très tôt a également été créé un “Centre international de cryoconservation, d’identification enzymatique et d’étude taxonomique des Leishmania” qui, sans entrer dans les détails, se composait de quatre unités interconnectées : l’unité de cultures, la banque de “cryostabilats”, le service d’identification et la structure de gestion et d’aide à la classification. Aboutissement du processus, la “banque de souches”, reconnue officiellement par l’Organisation mondiale de la Santé et soutenue par le Centre national de la Recherche scientifique, abritait au départ de M. Rioux près de 2500 souches de Leishmania, rigoureusement identifiées et désignées par des codes officiels (LEM et OMS). Ces deux activités d’expertise serviront de fondation à la création en 1998 du Centre National de Référence des Leishmanioses, par son successeur, Jean-Pierre Dedet.
La taxonomie et la systématique sont restées par la suite ses disciplines de prédilection. Longtemps après sa retraite, et jusqu’à ses derniers jours, M. Rioux a approfondi sa pensée et continué de publier sur la systématique, l’épistémologie, l’histoire et la philosophie des sciences, Ouvert d’esprit et fortement intéressé par les avancées de la biologie moléculaire, il a jusqu’au bout espéré une systématique complète, réunissant les apports du phénotype apporté par les isoenzymes et des génotypes apportés par le séquençage de l’ADN.
L’étude de deux foyers proches, la Corse et la Catalogne, confirma la validité des concepts mis en œuvre dans les Cévennes. Le premier était connu pour abriter une leishmaniose canine enzootique et ses conséquences humaines, sous la forme de cas sporadiques de leishmaniose viscérale. L’infestation canine fut systématiquement recherchée, sur environ 30 000 animaux, et les Leishmanies responsables cultivées et identifiées. Parallèlement, les Phlébotomes furent recherchés dans l’ensemble de l’île. Les résultats s’avérèrent très semblables à ceux qui avaient été trouvés sur le continent. Sans détailler ces résultats, soulignons qu’ils furent l’occasion de fructueux et fréquents échanges avec l’équipe italienne (Pr. Biocca, Pr. Coluzzi) qui travaillait dans la Sardaigne voisine. Par contre, en Pays catalan, le “complexe pathogène” leishmanien se distinguait de celui du Languedoc par la relative abondance de P. perniciosus par rapport à P. ariasi, et par la présence de P. sergenti, vecteur reconnu de L. tropica. Quelques années plus tard, des leishmanioses humaines strictement cutanées, dénommées «boutons d’Orient» autochtones, s’avéraient fréquentes dans le département des Pyrénées-Orientales. Bien plus, la taxonomie enzymatique, mise au point entre temps, rattachait ces lésions, non à L. tropica, comme nombre d’entre nous le supposaient, mais à L. infantum. Plus encore, outre la présence du classique zymodème MON‑1, plusieurs autres zymodèmes étaient détectés, dont certains inconnus jusqu’alors : MON-29, MON-11 et MON-33, particulièrement liés aux formes cutanées.
Plusieurs enquêtes de terrain, de part et d’autre de la frontière franco-espagnole, ont précisé les caractéristiques de ce foyer. Comme pour l’enquête Cévennes, la fréquence des leishmanioses canines a été établie. L’infestation canine a été confirmée par l’isolement de 27 souches de Leishmania, toutes rapportées au zymodème MON‑1. L’analyse du volet Phlébotome s’est appuyée sur la technique des pièges adhésifs, selon la méthode des transects. 13.635 Phlébotomes ont été récoltés, appartenant aux genres Phlebotomus et Sergentomyia. L’impact humain a été déterminé à l’aide du test de Montenegro, réalisé sur 718 enfants. L’analyse statistique des résultats a montré une bonne corrélation entre les fréquences altitudinales des trois volets du tryptique. Ces fréquences présentaient un maximum entre 300 et 600 m. et deux minimums, l’un au-dessous de 150 m, l’autre au-dessus de 600 m. Sur le terrain, l’abondance maximale correspondait à la forêt mixte de Quercus ilex et Q. pubescens, étage considéré en Cévennes comme une “zone à risque”.
Les dissections de P. ariasi et P. perniciosus réalisés dans les environs de Céret ont permis d’isoler et d’identifier deux des zymodèmes déjà observés chez l’Homme dans les leishmanioses cutanées autochtones : L. infantum MON‑1 et MON-29. Les mêmes résultats ont été obtenus lors d’une enquête comparable en Catalogne espagnole. Par contre, la recherche de Leishmania chez des micro-mammifères (Rattus rattus, espèce incriminée dans le cycle de L. infantum en Italie) est demeurée négative.
La transposition réussie des concepts dans un foyer proche mais différent dans sa structure a confirmé leur validité. Leur universalité l’a ensuite été par leur application à un grand nombre d’autres foyers et par leur succès dans la communauté internationale des “leishmaniaques”. Inlassablement remis en cause et affinés par leur auteur, ils sont restés jusqu’au bout la trame des travaux qu’il n’a cessé de publier, jusqu’à ses derniers mois. De la même manière, le Centre de cryoconservation, d’identification enzymatique et d’étude taxonomique des Leishmania, élément fondateur du Centre National de Référence des Leishmanioses actuel, a été l’objet d’études fructueuses pendant toute la carrière de son concepteur, et a été transmis à son successeur à sa retraite. Animé par une équipe de scientifiques et de techniciens de tout premier ordre, sans cesse perfectionné, il a été l’outil indispensable des travaux menés par ce qui était devenu “l’École de Montpellier” et par tous ceux qui ont collaboré avec elle, Français et étrangers. Nombreuses ont été les recherches, menées en Europe (France, Espagne, Italie, Chypre), en Afrique du Nord (Maroc, Algérie, Tunisie), au Proche et au Moyen Orient (Égypte, Yémen, Syrie, Iraq, Oman), en Afrique sub-saharienne (Tchad, Sénégal) et en Amérique latine (Colombie, Équateur) confirmant la valeur de ce concept. Au fil des enquêtes, de nombreuses applications s’en sont dégagées, telles celles de risque temporo-spatial, de cartographie phytogéographique, d’anthropisation (paupérisation, désertification), de “lutte raisonnée” et, récemment, de relation avec les bioclimats. Il faut aussi souligner la qualité des relations établies avec les innombrables équipes des pays dans lesquels se sont déroulées ces recherches: relations scientifiques bien entendu, mais aussi relations amicales, l’enthousiasme et le savoir encyclopédique de J. A. Rioux forçant l’admiration, et son charisme séduisant ceux qui participaient aux recherches. Ses missions sur le terrain, en particulier en Cévennes, attiraient aussi nombre de scientifiques étrangers, sur lesquel(le)s elles ont laissé une empreinte indélébile. Deux Colloques internationaux, tenus à Montpellier en 1974 (sous l’égide de l’Inserm) et en 1984 (sous l’égide du CNRS et de l’OMS), sont venus couronner ces deux décennies de travaux en éco-épidémiologie et en taxonomie des leishmanioses. Ils ont réuni plus de 100 participants venus du monde entier (Angleterre, Etats-Unis, Belgique, Allemagne, Italie, Espagne, Portugal, Iran, Israel, URSS, Brésil, Venezuela, Colombie, Maroc, Algérie, Tunisie…), parmi lesquelles des sommités dans le domaine que ce soit en épidémiologie ou en typage biochimique ou moléculaire. Les deux ouvrages issus de ces manifestations constituent encore aujourd’hui des références incontournables dans le domaine.
Il n’est pas envisageable de détailler ici toutes ces recherches. L’une d’elles, au Maroc, a été retenue pour les illustrer, parce qu’elle a été rendue possible par une coopération exemplaire, parce qu’elle s’est déroulée sur environ trente ans, et parce qu’elle a permis la compréhension d’une situation très complexe et débouché sur des stratégies de lutte et de prévention. Dans ce pays, comme dans la plupart des pays circumméditerranéens, les leishmanioses ont toujours représenté un important problème de Santé publique. Qu’elles soient viscérales ou cutanées, zoonotiques ou anthroponotique, ces affections sont présentes du Nord au Sud, depuis les cédraies du Rif jusqu’aux palmeraies de l’Anti-Atlas, avec pour agents pathogènes L. infantum, L. major et L. tropica. Les recherches ont été menées par le Ministère de la santé du Maroc (Direction de l’Épidémiologie) et les laboratoires de Montpellier (Université Montpellier1/CNRS, Écologie parasitaire), avec des participants de Reims (Faculté de Pharmacie, Parasitologie,) Barcelone (Faculté de Pharmacie, Parasitologie,) Medellin (Faculté des Sciences, Colombie), et Trujillo (Faculté de Médecine, Venezuela). Plusieurs organismes extra-universitaires ont contribué au financement de l’opération : Ministères de la Coopération français, marocain et espagnol, Ministère des Affaires étrangères, OMS, UE, CNRS, INSERM.
L’enquête a débuté en 1970, par l’étude taxonomique et chorologique des Phlébotomes. 19 espèces ont été inventoriées, dont plusieurs nouvelles pour le Maroc et d’autres nouvelles pour la science. Les densités de chaque espèce, exprimées en classes de fréquences par station, ont été traitées par l’analyse factorielle des correspondances. Grâce aux cartes thématiques, chaque station a pu être rapportée à son étage phytoécologique et sa zone bioclimatique. Chacune des espèces considérées comme vectrices de leishmanies a été située de façon précise. Une nouvelle fois, la prééminence du facteur climat dans la répartition géographique et l’abondance des vecteurs et, par voie de conséquence, dans la distribution et la force d’infection des foyers est apparue de manière indiscutable. Mais au-delà de l’enquête entomologique, un long chemin restait à parcourir pour parvenir à la connaissance structurale et dynamique des différents foyers marocains. Il devait durer deux décennies. Aujourd’hui, la couverture des leishmanioses, tant viscérale que cutanées, est en grande partie réalisée. La plupart des cycles épidémiologiques ont été établis grâce à l’identification enzymatique des Leishmania chez les vecteurs, les réservoirs et l’Homme. Pour chaque foyer, les risques potentiels peuvent être évalués, y compris ceux liés à d’éventuels changements climatiques. ln fine, plusieurs sites pilotes ont fait l’objet d’opérations de “lutte raisonnée”. Conduites par le Ministère de la Santé publique du Maroc, ces opérations ont été valorisées grâce à la mise en place d’un observatoire de veille épidémiologique
Chacune des 3 espèces leishmaniennes a fait l’objet d’études approfondies.
Le premier foyer marocain de leishmaniose cutanée humaine à L. major fut signalé à la fin des années 1970, au sud de l’Anti-Atlas, dans la circonscription de Tata. L’identification enzymatique a permis de rapporter les 51 souches isolées chez l’Homme à L. major MON-25, zymodème observé sur l’ensemble du Maghreb, du Maroc à la Libye. Les recherches ont porté sur la mise en évidence d’un réservoir de la famille des Gerbillidae et d’un vecteur du sous-genre Phlebotomus. Sur un total de 484 Rongeurs, seul Meriones shawi grandis était infesté par L. major MON-25 (12 souches identifiées, prévalence globale 14%). L’affection, strictement cutanée, pouvait persister plusieurs années sans affecter le Mérion atteint. Toutefois, une intense diffusion parasitaire survenait en fin d’évolution. Cette longue tolérance cutanée, suivie par une courte phase de dissémination, conférait à M. shawi la qualité de “ vrai réservoir” de L. major. Son biotope optimal était constitué par des fosses circulaires creusées par l’homme à proximité des habitations. Initialement utilisées pour la fabrication des briques d’argile crue, ces excavations servaient par la suite de dépotoirs et de latrines. Devenu détritivore et stercoraire, le Rongeur se comportait alors comme un dangereux commensal.
Parallèlement, l’infestation vectorielle était mise en évidence à 70 km à l’est de Tata. 1.673 Phlebotomus sp. femelles étaient disséqués: seul P. papatasi était trouvé porteur de L. major. Il s’agissait du même zymodème MON-25. Pour contrôler l’enzootie, il était dès lors proposé la suppression physique des biotopes de M. shawi, des campagnes rodenticides, le suivi régulier de la densité des populations de Rongeurs. Chez l’homme, en parallèle, il était recommandé un dépistage de masse et un traitement pour réduire la durée d’évolution des lésions.
Au Maroc méridional, l’aire de répartition d’une autre espèce du parasite, L. tropica, couvre 40.000 km2. Sur le versant nord du Haut-Atlas, la “zone à risque” s’étend d’est en ouest, en une frange continue, entre 500 et 1.000 m. d’altitude. Cette zone correspond à l’étage semi-aride à Tuya de Barbarie. Dans la plupart des sites inventoriés, la LCH s’exprime selon le « mode rural», c’est à dire hypoendémique, dispersé et instable (incidence moyenne 5%). L’importance du polymorphisme enzymatique de L. tropica dans le foyer du Haut-Atlas (MON- 102, MON-107, MON-112, MON-113, MON- 122, MON-123) et la répartition des zymodèmes dans trois sous-groupes phénétiques distincts, évoquaient des apports successifs d’origine orientale, plutôt qu’une différenciation in situ, à partir d’un ancêtre marocain.
Dès les premières enquêtes, les formes infiltratives diffuses et pseudo-lépromateuses, déjà observées au Yémen et en Syrie chez les personnes âgées, étaient retrouvées au Maroc. Ces lésions, d’évolution prolongée, riches en amastigotes, constituaient une source importante de parasites, à la disposition du vecteur. Dans ces cas précis, le cycle de L. tropica paraissait bien de nature anthroponotique. Dans les foyers du Haut Atlas, comme au nord de la Syrie, le Chien domestique était porteur de lésions strictement cutanées à L. tropica. Toutefois, l’animal ne semblait pas constituer un “vrai” réservoir, malgré son taux d’infestation élevé (12 %) et sa contamination par les zymodèmes MON-102 et MON-11, également observés chez l’Homme. Chez le Chien, les lésions cutanées étaient en effet discrètes et fugaces et aucun cas de généralisation n’était observé. Notons que dans les foyers marocains dus à L. tropica, le Chien était souvent parasité par L. infantum MON‑1.
- sergenti, vecteur reconnu de L. tropica, était abondant dans tous les foyers marocains. Les souches isolées se répartissent entre les zymodèmes MON-102, MON-107, MON-122 et MON-123, ces deux derniers jamais observés chez l’Homme ou le Chien. Comme pour L. major avec P. papatasi, la période à risque pour L. tropica avec P. sergenti se situait en fin de saison chaude.
Les recommandations pour la lutte contre la LCH à L. tropica ne comportaient pas de lutte insecticide en raison du caractère hypo-endémique de la maladie, de sa distribution “dispersée”, des difficultés d’accès aux douars contaminés et du coût des opérations. Elles devaient reposer sur un dépistage actif des cas et le traitement consécutif des lésions. Cette stratégie, éprouvée dans le site de Tanant a pu être généralisée à l’ensemble des foyers.
Au Maroc, comme dans les autres Pays du Maghreb, les leishmanioses viscérales, tant humaines que canines, sont connues depuis plusieurs décennies. Par contre la distribution et l’importance des foyers zoonotiques, l’identification des “vrais” vecteur ainsi que l’existence de formes cutanées humaines demeuraient des problèmes d’actualité. La plupart provenaient de zones de moyenne altitude, du Rif et des Atlas. Le parasite appartenait à L infantum MON‑1. Toutefois, la leishmaniose à L infantum ne se résumait pas à la seule forme viscérale. En 1990, une centaine de cas de leishmaniose cutanée humaine était dépistée dans la circonscription de Taghjicht. Le parasite était rapporté à L. infantum MON-24, zymodème habituellement responsable de cas sporadiques. L’enquête entomologique a montré que P. longicuspis s.l. était le seul Larroussius présent dans le site infesté de promastigotes (souche non isolée).
- infantum s’est finalement avérée présente sur la quasi-totalité du territoire marocain. Cette vaste distribution s’expliquait par la présence de trois vecteurs, P. ariasi, P. perniciosus, P. longicuspis, dont les préférences bioclimatiques et par conséquent les répartitions géographiques, différaient. P. perniciosus, à tendance semi-aride/subhumide, était surtout présent dans le Rif et le Moyen-Atlas. P. ariasi à tendance humide/subhumide l’accompagnait dans le Rif, tout en s’étendant sur le versant septentrional du HautAtlas. P. longicuspis et ses éventuels binômes jumeaux, à tendance aride/peraride cohabitait avec les espèces précédentes, mais s’observait seul aux étages aride, chaud et saharien. En d’autres termes, au Maroc, la succession Nord-Sud des vecteurs et leur association dans les interfaces bioclimatiques assuraient à L. infantum une couverture géographique quasi continue.
Les recherches présentées dans ces quelques pages sont loin d’être les seules qu’a effectuées le travailleur infatigable qu’était le Pr. J.A. Rioux. Son épreuve de titres et travaux fait état de plus de 500 publications, auxquelles il faut ajouter les ouvrages, les thèses encadrées… Pour reprendre les termes de son successeur actuel dans le laboratoire de Parasitologie de Montpellier, le Pr. Patrick Bastien, “Monsieur Rioux était un de ces hommes qu’on ne croise que trop rarement et qu’on ne peut oublier après l’avoir connu”. Président de la Société française de Parasitologie de 1982 à 1999, il l’a amenée au rang qu’elle occupe actuellement, notamment en la dotant de statuts modernes. Il a su fédérer ses membres pour organiser à Paris, en 1990, un congrès international (ICOPA7) qui a réuni plus de 2500 participants. Terminons en ajoutant que cet enseignant brillant, maniant avec dextérité une langue irréprochable, était aussi un homme cultivé, et qu’il n’a jamais cessé d’être, pour celles et ceux qui l’ont accompagné au long de ces années, un ami également inoubliable.
Chevalier de l’Ordre National de la Légion d’Honneur, Officier de l’Ordre National du Mérite,
Officier de !‘Ordre des Palmes Académiques, Chevalier de l’Ordre du Mérite Agricole
Membre de plusieurs Académies:
Académie Royale de Médecine de Belgique. Membre associé (1991).
Académie Royale des Sciences d’Outre-Mer (Bruxelles). Membre correspondant (1978.)
Académie des Sciences et Lettres de Montpellier. Membre titulaire (1989,) Président de la section Sciences (1995), Président général (1996).
Académie du Languedoc (Toulouse) Membre correspondant (1978.)
Membre de nombreuses Sociétés savantes:
Société des Naturalistes parisiens (1947).
Société Botanique de France. (1947).
Association des Anciens Élèves de l’Institut Pasteur (2001).
Société Française de Mycologie Médicale (1956).
Société Française de Systématique. Membre d’honneur.
Société des Naturalistes Parisiens (1947).
Société d’Horticulture et d’Histoire Naturelle de !‘Hérault (1951)
Société de Pathologie Exotique (1959.)
Société Internationale de Mycologie Humaine et Animale (1961).
Société Française de Protozoologie (1965).
Société de Protection de la Nature du Languedoc-Roussillon. Membre fondateur (1967). Président (1972).
Société Française d’Ecologie. Membre fondateur (1969). Président (1977 — 1981).
Société Française de Parasitologie. Membre fondateur (1962). Président (1982 — 1999). Médaille d’argent (1999). Président d’honneur (2003.)
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Hommage rédigé par R. Houin, N. Léger, P. Bastien et G. Luffau
Un lien supplémentaire peut être consulté: Hommage à Jean Antoine Rioux